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EVADAS

Quelle est la vraie position du CNOV concernant les animaux sauvages dans les cirques intinérants?

Après l'annonce d'une forte opposition de la part du CNOV concernant l'exploitation des animaux sauvages des les cirques itinérants, un article de Libération a semé un peu le trouble sur la position réelle de l'Ordre Vétérinaire français.

Nous reproduisons ci-dessous l'intégralité de l'analyse de Jean-Paul Richier publiée dans un article de Médiapart.

https://blogs.mediapart.fr/jean-paul-richier/blog/141017/lordre-des-veterinaires-et-les-animaux-sauvages-dans-les-cirques-10

 

 

L'aller-retour du Conseil de l'Ordre ?

L'association One Voice a répercuté le 10 octobre  la position de l'Ordre des Vétérinaires français condamnant l'utilisation des animaux sauvages dans les cirques, annonce qui a largement circulé dans la sphère de la protection animale.

Le communiqué titrait : ANNONCE HISTORIQUE : DANS UNE RÉPONSE À ONE VOICE, L’ORDRE NATIONAL DES VÉTÉRINAIRES CONDAMNE LES SPECTACLES D’ANIMAUX SAUVAGES DANS LES CIRQUES ITINÉRANTS.

Il y était précisé : « l'Ordre National des Vétérinaires, par la voix de son Président, le Docteur vétérinaire Jacques Guérin, déclare adhérer à la recommandation de la Fédération des Vétérinaires Européens (FVE) d’interdire l’usage des mammifères sauvages dans le cadre de cirques itinérants. »

Mais un article de Libération du 12 octobre, titré « Animaux sauvages dans les cirques : ce qu'a vraiment dit l'ordre des vétérinaires » annonce : « Contrairement à ce qui a pu être relayé par certaines associations, l'ordre des vétérinaires ne s'est pas formellement prononcé pour l'interdiction des animaux sauvages dans les cirques ».

Libération précise qu'il s'agit d'une « formulation bien plus nuancée, puisque l’avis ne concerne qu’une partie des animaux, les mammifères sauvages, et seulement dans les cas où les cirques itinérants ne proposent pas aux animaux des conditions de vie satisfaisantes. »

La journaliste de Libération a contacté Ghislaine Jançon, la responsable Commission "Vétérinaire et bientraitance animale" de l'Ordre des vétérinaires.

Celle-ci a confirmé que le Conseil national reprend l’avis de la FVE (Federation of Veterinarians of Europe, qui regroupe les organisations vétérinaires de 38 pays d'Europe) : l’Ordre des vétérinaires de France, membre de la FVE « est cosignataire des avis émis » par cette instance. « Comme on est membre, on adopte par principe tous leurs avis dans le domaine, dans la mesure où l’on sait qu’ils ont été émis après un long processus d’expertise et une évaluation scientifique. »

Mais elle dit regretter au nom de l'Ordre que leur « avis ait été sensiblement modifié ».

En effet, selon elle « On n’a jamais dit qu’il ne fallait plus d’animaux sauvages dans les cirques. »

Et elle précise simplement « Il faut s’assurer que ces animaux puissent exprimer leur comportement naturel, que les conditions de vie dans lesquelles on les place soient conformes à leur nécessité biologique. »

 

 

Analyse

Donc la contestation de Mme Jançon porte d'après Libération sur deux points :

- Premièrement, l'avis du Conseil de l'Ordre ne porte que sur les mammifères, pas tous les animaux.

Certes, One Voice a titré sur « les spectacles d'animaux sauvages » (même s'il a précisé « mammifères » dans son communiqué).

Mais réfléchissons : de quels animaux est-il question quand on parle des animaux sauvages dans les cirques et leurs ménageries ?

Essentiellement des éléphants et des félins sauvages (lions, tigres, panthères…). Éventuellement des zèbres, des girafes, des ours, des pinnipèdes (otaries, phoques), des primates (singes), ou des hippopotames.

Qui sont les animaux utilisés par les cirques en dehors des mammifères ?

Vous ne trouvez pas ?

Normal, c'est une petite minorité, comme les autruches, les gros serpents (pythons, boas), ou les crocodiles.

Donc, concrètement, il n'y a pas lieu de mettre en cause l'emploi du vocable « animaux » au lieu de « mammifères » (même si les oiseaux ou les reptiles utilisés par les cirques peuvent mériter aussi notre attention).

- Deuxièmement, l'avis du Conseil de l'Ordre ne porterait que sur les cirques itinérants ne proposant pas aux animaux des conditions de vie satisfaisantes

On lit effectivement dans la réponse à One Voice , également consultable sur le site du CNOV : « L'Ordre des Vétérinaires confirme la recommandation ainsi prise par la FVE de promouvoir l'interdiction dans les Etats européens de l'usage des mammifères sauvages dans le cadre de cirques itinérants qui ne peuvent satisfaire aux besoins physiologiques et sociaux de ces animaux. »

Le hic, c'est que le Conseil de l'Ordre a oublié une virgule. Et dans ce cas, le syntaxique détermine le sémantique. Il aurait dû écrire en effet, pour être fidèle à la recommandation de la FVE « dans le cadre de cirques itinérants, qui ne peuvent satisfaire aux besoins physiologiques et sociaux de ces animaux. »

L'article de Libération renvoie au lien anglophone de la position de la Fédération des vétérinaires d'Europe émise le 6 juin 2015. Elle est explicite pour quiconque lit l'anglais. Mais nous avons également une version française officielle, où  l'on peut lire :

   « Ces animaux ont le même patrimoine génétique que leurs homologues dans la nature et conservent les pulsions et besoins de leur comportement instinctif naturel.

     Les besoins des mammifères sauvages non domestiqués ne peuvent être satisfaits dans un cirque itinérant, en particulier au niveau de l’habitat et de la possibilité pour eux d’exprimer des comportements naturels.

     […]

     La FVE […] recommande donc à toutes les autorités compétentes européennes et nationales d'interdire l'utilisation de mammifères sauvages dans les cirques itinérants dans toute l'Europe, compte tenu de l’impossibilité absolue de répondre de façon adéquate à leurs besoins physiologiques, mentaux et sociaux. »

La FVE rend donc simplement compte d'une évidence : il est juste absurde de penser que les cirques, a fortiori itinérants, et leurs ménageries, peuvent permettre à un éléphant, un tigre, un ours ou une otarie d’exprimer normalement ses comportements naturels, quand bien même l'animal est né en captivité..

 

 

Conclusion

 Le Conseil de l'Ordre des vétérinaires français avait suscité la sympathie du public en confirmant assumer la position de la Fédération des vétérinaires d'Europe, de même qu'il avait suscité la sympathie du public en se positionnant pour l'abattage avec un étourdissement efficace, et contre la corrida.

Mais d'après Libération, la responsable de la commission "Vétérinaire et bientraitance animale" de l'Ordre des vétérinaires vient de plomber cette prise de position, en y apposant des restrictions sans pertinence, voire s'éloignant des recommandations de la FVE.

 

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